réalisateur : Lee H. Katzin
Résumé : Michael Delaney, pilote automobile, se prépare à courir les 24 Heures du Mans et à affronter Stahler, son rival allemand. Au même moment, il tombe amoureux de Lisa, l'épouse de son coéquipier décédé...
avec :
Steve McQueen ... Michael Delaney
Siegfried Rauch ...Erich Stahler
Elga Andersen ...Lisa Belgetti
Ronald Leigh-Hunt ... David Townsend
Fred Haltiner ... Johann Ritter
LE MANS, contrairement à DRIVEN ou JOURS DE TONNERRE, n'est pas vraiment un film de course traditionnel, qui essayerait de faire cohabiter la mise en scène de l'objet et le coeur qui pourrait l'habiter. LE MANS, avec son optique quasi documentaire, se contrefout de l'aspect humain inhérent à tout long métrage ordinaire pour devenir le film ultime des sports automobiles!...
Des lors, tout le superflus est évacué au profit de la seule course, des bolides filant à toute berzingue, ne réduisant l'histoire qu'à ça, une course d'endurance. Le facteur humain est dérisoire, aucun personnage n'est sympathique ou attachant, leur présentation étant expédiée en voix off pour la plupart, et la bluette entre McQueen et Elga Andersen très allusive et flou, sans âme; même les dialogues, les interactions entre chaque personnage sont plats, dénués de toutes passions et/ou émotions. C'est bien simple, McQueen n'ouvre la bouche qu'au bout de 30 min de métrage, et ses premiers mots ont autant d'intérêt qu'une commande passée à McDo! Mais de ça, de ces prétextes à ménager des pauses pour mieux relancer cette folle machine, on s'en moque bien! Limite, cette déshumanisation renforce tout le caractère trempé et là, pour le coup, intense, de cette compétition diablement bien mise en scène. Scènes de parlote figées en plans molassons lorsque les pilotes se reposent, et successions de mouvements de caméras fluides et télescopés lorsque les bolides sont captés à nouveau. C'est simple, les 2 derniers tours de circuit sont littéralement scotchant, le suspence battant son plein! Sans parler de ces accidents au ralentis, d'une brutalité inouie! Ici, l'humain sert la machine, et peut bien se soustraire à elle le temps d'un film uniquement vouée à sa gloire (la caméra s'attarde sous les capots, dans les stands...). D'ailleurs, pas un seul homme ne meurt pendant tout le métrage; chose plutôt rare au cinéma, puisque facteur d'émotions et d'identification quasi obligatoire chez ce médium. Même McQueen ne fait que prêter sa "gueule" et sa présence, son rôle n'ayant en soi rien d'exaltant, au profit d'un film purement visuel et sensitif. A ras le bitume, sous la pluie, le ronronnement des moteurs pleins les enceintes, LE MANS "existe" paradoxalement grâce à l'absence quasi total d'empathie, pour assumer son rôle de pur film d'action (une leçon qu'aurait dû retenir AVP, bourré d'humains débiles et inutiles)...
Alors certes, le film pourra dérouter les puristes du film qui-doit forcément-comporter-un-minimum-d'histoire-et-d'émotions, mais à l'instar d'un COBRA avec Sly, c'est la mise en images de l'action, ici hyper nerveuse et tendue, d'une efficacité redoutable, qui porte toute l'entreprise; une entreprise, finalement, qui ne feint pas (ou si peu) d'être ce qu'elle est, un film sur le mouvement, la rapidité, ce qui ne laisse guère la place à autre chose. L'intrigue est l'action et vis et versa. De même, McQueen aurait pu composer un perso plus profond, comme témoignent ces longs silences évocateurs, au début du film et après son crash pendant la course, ou même cette très courte scène dans la caravane, où il explique que seules les courses automobiles sont synonymes de vie à ses yeux, le reste n'étant qu'une longue attente finalement; preuve que le métrage aurait pu aussi bien potentialiser sur un "moteur" plus humain, la quête d'un absolu, ce qui constituerait la passion ultime (extrème?!) du coureur automobile. Mais il n'en est rien, comme cette absence curieuse des essais au tout début. Le film commence sur les chapeau de roues, sans fioritures; un paris risqué mais gagnant somme toute, puisque LE MANS apparaît au final comme un momument de mécanique très bien huilée. Sans coeur, sans âme, certes, mais d'une réelle force d'impact.
Le dernier point sera l'absence totale de sécurité sur l'un des parcours les plus dangereux du monde (avec le Nurburgring), pour ceux qui s'en rappellent un documentaire 'le mans 1955' passée il y'à peu sur Arte revenait sur l'accident qui coutâ la vie à plus de 80 spectateurs et au pilote français Pierre Levegh. Dans le film, des spectateurs partout, des stands sans aucune séparation avec la piste, et surtout lors de l'accident d'un pilote, un brave commissaire de course se précipite drapeau en main pour signaler l'accident en plein milieu de la piste brrr.. rien que pour revoir cette 'amateurisme' à l'époque, le film est à revoir...
pour ceux que cà amuse cà ressort en BLU-RAY le 7 Juin :
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